Laissez vous plonger dans cette histoire fantastique illustrée par des peintures, sculptures, compositions ou photos d’Enzo, chapitre après chapitre. Un fichier audio est attaché à chacune des illustrations.
Pour une immersion totale, les écouteurs sont fortement conseillés.
CHAPITRE I : Le lycée
Il se réveille un matin, difficile d'aller en cours. Dans le bus, 6h, la mauvaise haleine et les mauvais déodorants se confondent. Le soleil peine à se lever. Devant le lycée, en avance, il allume une cigarette, son dans les oreilles, on le salut avec la tête. De pauvres hypocrites. Il sait que d'ici six mois il ne les reverra plus jamais. 8h sonne, une dernière cigarette, qui le mettra en retard alors qu'il était en avance.
CHAPITRE II : Etourdissement

Aujourd'hui on rend les devoirs d'écriture. Bouc émissaire. Exemple d'étrangeté. Humiliation collective, les rires sont violents et raisonnent dans sa tête. Victor est en avance sur eux, ou bien en retard. Cela arrive. Ses amis se mêlent à cela, il pense à leur claquer la porte au nez. Sa tête court. Son cœur transpire. L'hypocrisie est collective.
CHAPITRE III : Monstre


Il rentre chez lui, la journée s'est encore mal passée. Le lycée l'angoisse. Avec ses parents c'est difficile. Ils travaillent dur pour maintenir la famille. Il est fatigué. Il faudrait une pieuvre. Un monstre à tout faire. La discorde est facile. Il se renferme dans sa chambre, la lumière éteinte. Il les aime fort. Cocktail de rage et de culpabilité.
CHAPITRE IV : La créature

3h du matin, la lumière éteinte, sous la couette, il regarde des gens rire au travers de son téléphone, gagnant des milliers de vues. Il les envie. Mais reste sans sourire pour autant. On toque à sa porte, personne n'entre. Il se lève, ouvre, personne. Etrange. Ce schéma se répète trois fois. Personne. Personne. Personne. Une ultime fois, il se lève nerveusement, ouvre vivement la porte. Il est là. Nez à nez. Visage effrité et hilare. Des rires étranges pour une seule créature. Il cligne des yeux, 6 h du matin, il est dans le bus. Confusion. Il n'aime pas la boule qu'il a dans le ventre. Sûrement un cauchemar. Encore ce cauchemar.
CHAPITRE V : Marylin

Ce soir c'est la fête. Les gens boivent, fument, rigolent, chantent et dansent. Il copie l'œuvre. La boisson lui fait se rapprocher d'une fille, ils se découvrent des points communs. Marilyn. Blondie aux allures de princesse triste. Ses yeux s'envolent. Attirés vers le cerveau. Elle cherche des étoiles sur le plafond. Victor voit des déformations aléatoires qui se forment comme un flou puissant sur son visage. Cependant, cette fille est belle.
CHAPITRE VI : La mort

Marylin tombe. Son cœur s'est arrêté, elle ne respire plus. La panique est collective, les urgences arrivent. Elle est morte. L'alcool n'a pas été son bourreau. C'est une overdose. Impuissance. L'homme face à la divinité. Un rat sous la patte d'un tigre. Victor, paniqué, sort prendre l'air. Il purifie son estomac. Ce n'est pas l'alcool non plus. La gravité est colossale. Perdu. Choqué. Dehors pas un bruit. La lune dort. Seuls les gyrophares éclairent les buissons. Bruler ses poumons pour atténuer l'incendie.
CHAPITRE VII : Illusion

Le froid crée la brume. Il a froid. Le fourgon macabre vient de partir. Une voix. "Toi aussi". C'est SA voix. Celle de Victor ! Une silhouette. Pourquoi voit-il Marylin ? Pourquoi a-t-elle la voix de Victor ? Est-elle devant lui ? C'est pourtant réel ! Comment est-ce possible ? Elle est pourtant partie ! Il tombe, respire fort. Elle s'approche, le regarde. La peur est paralysante. Il rampe jusqu'à la maison. Le calme. La soirée elle aussi est morte. Une cigarette vite.
CHAPITRE VIII : La psychiatre

C'est décidé, demain, il rappelle la psychiatre. Assez de vivre des cauchemars éveillé. Il y va le cœur lourd. Besoin d'aide. Souriante comme une mère. Besoin d'air, elle lui parle comme à un gouffre. "Bois un verre", c'est ce qu'elle lui conseille, quand elle le prend pour un artiste triste. "Artistes ! Vous êtes comme ça on n'y peut rien ! Haha !". Il y est allé une fois de plus le cœur lourd. Rentre et peint. Face à sa toile, sale de rouge, il se parle sans ouvrir la bouche. A lui-même ou bien aux autres lui-même. Plusieurs images forment son esprit. Personne ne le perçoit. Peut-être qu'il est cinéaste. Peut-être qu'il est réaliste. Incompris, malheureusement sans prétention. Il aimerait dire ça, juste pour faire genre. On sait que ce n'est pas son intention.
CHAPITRE IX : La rue

Il a faim, pourtant il a du mal à manger. Cela le déprime. La faim se mélange à la nausée de nuages grisâtres. Il a besoin de prendre l'air. Il sort. Marche dehors tard la nuit. Quand Aix-en-Provence dort, les rats grouillent sous ses pas. Des naufragés dorment dans le froid, les sourcils froncés et les larmes séchées. Il y dépose ce qu'il a. Des malheurs, pire que les siens. Un cheveu sur la tête d'un fou.
CHAPITRE X : Un rat

Un rat passe devant lui. Gris comme un jour de pluie. Ils se regardent, semblent se comprendre. Au final, vivre comme un rat, c'est dormir le jour, sortir le soir, manger quand on peut, gratter les murs, être détesté pour un rien. La ruelle d'après donne sur un parc mal éclairé. Les moucherons se heurtent à son visage. Un banc sale. Il s'y assoit. Il y en a pas d'autre. Il souffle. Il pense à la faim, les faux amis et leurs moqueries, la mort de Marylin, les cauchemars, la fatigue, les parents, le manque d'argent et l'avenir. Marre d'être différent. Être spécial n'a rien de spécial pour lui. Il se perd dans le gouffre de l'angoisse. Envie de tout envoyer en l'air. Les larmes lui montent.
CHAPITRE XI : L’homme en blanc

Il tourne la tête, un homme en blanc, aussi lumineux que le soleil, assis à côté. Victor sursaute. Il a peur. Mais qui est-il ? Il a été plus discret qu'un chat ! L'homme lui tend une cigarette. Il a l'air inoffensif. Cette fois-ci, ce n'est pas une vision. C'est réel. Il sent la mort sous son parfum de luxe. L'homme le regarde. "On va t'aider".
CHAPITRE XII : Eclaircie

L'homme en blanc lui propose de lui serrer la main. Juste cela. Hésitant, Victor accepte. Ce n'est qu'une simple poignée de mains après tout ? Soudain, le monde devient lumière. La boule au ventre. La faim. La fatigue. Le bruit. Les questions. Les problèmes sont infimes. Cette poignée de mains est magique. Sans pour autant se questionner, il rentre et dort d'un coup, sans cogiter. Le lendemain les arbres sont habillés. Le soleil brûle les imperfections de la vie. Les oiseaux chantent. Les gens sourient. Ils disent même bonjour. Victor ne comprend pas ce changement soudain. Cette poignée de mains est spéciale. Etrange. Il a dû mal à y croire, pourtant c'est réel.
CHAPITRE XIII : Descente

Le jour naît du sol. Il a dormi d'un sommeil lourd. Des cernes déforment son regard. Les miroirs l'effraient. C'est une longue journée qui commence. Les gens ne comprennent pas pourquoi il regarde les pavés de la ville si longuement et vaguement. On a beau lui parler, Victor ne répond pas. Ailleurs, pourtant assis à côté. Il semble hagard, vitreux. On le regarde mal. On le juge. Tout le monde est une menace. Hier et aujourd'hui n'ont rien à voir. Le jour et la nuit. L'antidote et le poison. La poignée de mains et son coup de poing.
CHAPITRE XIV : Délivrance

Les visions reviennent. Le bruit, le couteau dans l'estomac, les maux de tête. La rage ressort. Il s'énerve de voir que cette solution ne lui convient plus, que tout revient. Il est très en colère. Il tremble. Transpire. Il lui faut à nouveau de cette magie. Son antidote. En pleine journée. Au parc. La main lui est tendue. Mais il veut que tout aille mieux pour toujours. Il attrape les épaules de l'homme en blanc. Le tire violemment à lui. L'homme hurle de douleur. Victor le serre contre lui, de toute ses forces. L'homme en blanc crie. Il hurle "NON CELA VA DEBORDER !" Victor n'entend plus. Il est déjà loin de la peur. Le monde est léger. Il fait chaud dans son ventre. Soudain, plus d'image. Plus de son. Plus rien. Il ouvre les yeux. Le monde est gris. Beaucoup de brouillard. Il n'est plus sur le sol piquant en gravier du parc, mais sur un immense miroir. Derrière lui, des pas. C'est Marilyn. "Toi aussi il a dit vouloir t'aider ?"